mardi 27 octobre 2009

Les Dogu


De la Chine au Japon, il n'y a qu'une mer à traverser. A Londres où je me trouvais pour deux expos sur le Mexique, me voilà attirée par une affiche très accrocheuse, reproduisant un petit bonhomme en terre cuite d'un style pour moi tout à fait inconnu. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance des Dogu, ces statuettes japonaises en terre cuite (creuses) datant d'une période allant de 7000 à 300 avt JC, la période néolithique japonaise, appelée Jomon... Une telle maîtrise à ces temps reculés est tout simplement phénoménale.

Ces statuettes retrouvées dans les tombes avaient probablement un usage shamanique ou étaient liées au culte de la fécondité.

J'avoue avoir été subjuguée par la beauté de ces petites merveilles. Et ça m'a donné des idées. Un projet au Japon ??? On verra...

dimanche 25 octobre 2009

La route de la soie







Mon journal annonce "un périple à couper le souffle"; il ne fallait rien d'autre pour que je coure à cette autre expo phare d'Europalia Chine, quelques jours avant mon départ pour le Mexique.

Alors comment se fait-il que je reste un peu sur ma faim ?
Voyons d'abord le positif.
1/ les immenses photos qui tapissent les murs, illustrant le parcours (je précise que l'expo se limite aux deux chemins chinois, contournant le désert du Taklamakan, de Xian à Kashgar)
2/ les pièces exposées, venues pour la plupart du musée d'Urumqi - encore un que nous avons manqué, R et moi; pourtant il était au programme mais on a dû y renoncer à cause de la longueur des transports. Des pièces rares et magnifiques, comme cette momie (en illustration) parfaitement conservée depuis le 4ème siècle de notre ère; c'est que le désert du Taklamakan est particulièrement sec.

Pourtant je suis un peu déçue.
Peut-être parce que j'ai fait le tour du Taklamakan et visité ces villes et sites dont il est question ? A regarder les grandes photos sur les murs on croirait que tout n'est que désert, rien que des tombes et pas de villes; mais des villes dans les oasis, il y en avait, et elles existent toujours, et sont belles et intéressantes, mais pas ... chinoises. Est-ce le conflit actuel avec les Ouïgours qui empêche les Chinois de montrer le côté typiquement oriental et musulman de Khotan, Turfan ou Kashgar ? (juste une photo de la grand-place de Kashgar à la fin).

Les commentaires évitent soigneusement toute allusion à la "colonisation" chinoise - juste une phrase "ces régions sont maintenant de plus en plus peuplées de Chinois"; un modèle de langue de bois. Autre commentaire tronqué à propos de Dunhuang: un moine aurait "trouvé" la chambre aux manuscrits; c'est escamoter l'épisode de la vente des manuscrits par ce moine, qui en était le gardien, à Aurel Stein, pour le British Museum, et à Paul Pelliot, pour le musée Guimet. Pour ne pas rappeler la controverse ? Et aussi un passage qui sent la harangue communiste: le commerce de la route de la soie aurait créé "une bourgeoisie oisive, grasse et riche" !

Bref j'ai trouvé le commentaire superficiel, et si admirer les pièces a été un plaisir, l'ensemble me laisse une sorte de malaise.

Autre regret à propos de cet Europalia Chine: la pauvreté des boutiques qui clôturent les expos: rien que des chinoiseries sans valeur, à part les catalogues, très peu de livres - alors qu'il en existe tant sur le sujet !!

samedi 17 octobre 2009

Hanggai band




Europalia Chine minorités suite (et fin, le Tibet n'étant pas représenté): voici la musique mongole.

Consultez encore une fois la carte: il y a deux Mongolie, la Mongolie intérieure, qui fait partie de la Chine, et la Mongolie indépendante, qui se relève à peine de la domination soviétique (juste au nord de la Chine). Mais bien malin celui qui distinguera les Mongols de l'un ou l'autre camp (si ce n'est par la deuxième langue, chinois ou russe).


Hanggai Band est donc une formation mongole chinoise, mais rien ne la diffère de la musique que l'on peut entendre à Oulan Bator (capitale de la Mongolie indépendante) et surtout dans les steppes et le désert de Gobi.

Hier soir, donc, grande soirée de musique diphonique et de chants de gorge, le tout accompagné d'instruments typiquement mongols, dont ce violon à deux cordes qui vous tire des larmes. Avec cette originalité que les artistes y ont ajouté guitares électriques et rythmes de rock, et ce melting pot ne manque ni d' intelligence ni d' humour; on devine qu'un tel mix doit faire un tabac parmi les jeunes. En plein revival de la culture mongole, le message doit passer.
http://http://fr.wikipedia.org/wiki/Chant_diphonique
En résumé: la musique diphonique permet de chanter en plusieurs tons en même temps, performance de gorge assez incroyable (on aime ou on n'aime pas, moi je raffole).http://http://www.dailymotion.com/video/xiuvz_impro-chant-diphonique-mongolie-xoo_music
La première surprise passée, le public bruxellois un peu snob s'est pris au jeu et a fait un triomphe à ce groupe atypique. Quatre rappels, à Bruxelles, c'est pas mal. Parions que la mode des hébergements de vacances en yourtes va connaître un nouveau boum...

mardi 13 octobre 2009

Fils du ciel











Soyez rassurés, chers lecteurs, l'expo phare d'Europalia Chine est bien consacrée à la vraie Chine, la Chine millénaire, et c'est une expo sublime.
Ce qui frappe d'emblée c'est le haut degré de civilisation des Chinois dès le... néolithique; bien sûr on le savait, mais le (re)constater grâce à de magnifiques objets, bien choisis, bien mis en valeur, c'est comme une nouvelle découverte.
La plupart des objets - d'un luxe inouï - proviennent du musée de la Cité Interdite, musée que je n'ai pas vu... (vous voyez qu'il y a plein de musées qui ont échappé à ma visite); faut dire que parcourir la Cité Interdite est déjà un exploit physique, alors le musée...
Le musée Guimet de Paris a prêté quelques magnifiques rouleaux peints, sur soie ou papier, des chefs d'oeuvre qu'on admirerait des heures (détail d'un arbre en photo).
Le jade a toujours été une pierre sacrée en Chine, surtout le jade de Hotan (au Xinjiang); je possède un bracelet de jade acheté à Hotan, mais bien entendu il est loin de valoir les inestimables bijoux ciselés pour les empereurs, et que dire de ce linceul entièrement en jade - eh oui ! - en illustration. Et à ce fonctionnaire grandeur nature prosterné pour l'éternité, répond la robe impériale d'apparat portée lors des sacrifices au Temple du Ciel.
On peut voir aussi deux des célèbres guerriers en terre cuite, troublants de réalisme (un autre de mes regrets, je ne suis pas allée à Xian).
J'avoue que cette expo m'a fait revivre mes deux séjours à Pékin, et que le choix judicieux des pièces exposées laisse une meilleure impression que la visite du musée de Shanghai, où l'on éprouve une certaine overdose...

lundi 12 octobre 2009

Les chants des Dong






Qui sont les Dong ? Consultez ce lien ! Le Yunann (sud de la Chine, voir la carte)est une région qui abrite de nombreuses minorités qui n'ont de chinois que le nom. Avec des costumes, des traditions, des langues très très différentes. Bien sûr persécutés sous le communisme, mais actuellement le processus s'inverse, on fait de ces peuples une attraction touristique, au risque de créer des effets pervers :banalisation, disparition de l'authenticit.
Hier soir, toujours à Tournai, en première partie du Muquam, se produisait un ensemble dong, six femmes, deux hommes, une petite fille. Des voix superbes, aigües, inusitées pour nos oreilles - mais merveilleuses; ah! le tintement des pectoraux en argent, bijoux compliqués complétant de somptueux tabliers brodés, portés sur une jupe plissée courte à la manière des Miao, une autre ethnie minoritaire du Yunnan.
Chants polyphoniques, où les voix de soprano et d'alto se répondent, se croisent, se superposent. Magique et envoûtant.

Je suis allée au Yunnan fin 2006, lors de mon deuxième voyage en Chine; j'ai pu visiter des villages de différentes ethnies, et aussi le "parc des minorités", genre de Dysney World avec figurants et reconstitutions de villages. Typiquement chinois. Patience, ce récit arrivera.

En attendant, pour ces deux premiers spectacles d'Europalia Chine, remarquez que ce n'est guère chinois...
Sorry, pas de photo ! L'illustration sort du web, mais reproduit bien les coiffes de ces dames. Les demoiselles en rouge sont des Miao photographiées par moi en 2006. Quelle grâce !



Le Muquam des Dolan




Et si je vous dis que c'est la musique des Ouïgours, vous ne serez pas beaucoup plus avancés ! Alors d'abord un peu de géo; les Ouïgours peuplent le Xinjiang, région autonome de Chine; aussi grande que le Tibet. Les Ouïgours sont une ethnie d'origine turque, de religion musulmane, avec une langue et des traditions propres. Connaissent le même problème politique que le Tibet, cad qu'ils sont colonisés par les Chinois, histoire de neutraliser leurs velléités d'indépendance. Sauf qu'on n'en parle presque pas - ou à peine un écho dans la presse au sujet des émeutes récentes; de toute façon personne ne sait qui sont les Ouïgours.

Le Xinjiang est presque entièrement le domaine du désert du Takla-Makan, celui dont on ne revient jamais; j'en suis pourtant revenue, à l'issue de mon premier voyage en Chine en 2006. Le récit de ce périple plein d'embûches arrivera bientôt sur http://fourtravels.blogspot.com/ , qui pour l'instant piétine un peu au Rajasthan.

A Kashgar j'ai assisté à un spectacle de Muquam, un spectacle un peu formaté pour touristes. L'idéal aurait été d'être invité à une de ces fêtes où les Ouïgours se déchaînent, mais je n'en ai pas eu l'occasion.

Mais qu'est-ce que le Muquam ? C'est une tradition musicale très ancienne (2ème siècle !!!), qui réunit différents instruments, un récitant principal, des chanteurs, des danseurs. Le répertoire se transmet oralement depuis des générations et a heureusement survécu à la révolution culturelle. Pas du tout académique, plutôt l'expression profonde d'une tradition populaire, dont les thèmes varient d'une région à l'autre.

Les Dolan sont une sous-ethnie ouïgour dont le Muqam est toujours dansé. Cette particularité donne un spectacle haut en couleurs, fascinant. Les danses féminines sont très proches des danses ouzbek (Ouïgours et Ouzbeks sont d'ailleurs des ethnies cousines) - l'originalité tient à l'ajout de danses masculines, très viriles (mimant la chasse, la victoire, et bien sûr l'amour). Fascinant, envoûtant, costumes somptueux, je suis toujours sous le charme. Désolée, pas de photo, juste la pochette d'un CD que je possède depuis longtemps...

samedi 10 octobre 2009

Keith Jarret


Et si pour une fois on parlait musique ? De ce magicien improvisateur qui a séduit hier soir le public du Palais des Beaux-arts, massé en foule dans la grande salle au plafond Art Nouveau ? Deux heures de bonheur pur, un public recueilli puis en délire, pas moins de 6 rappels (peut-être 7, je ne comptais plus), un artiste simple et décontracté, plein d'humour. Faut dire que j'étais au troisième rang, sans regret du prix donné, car vu mon âge et la rareté de la venue de Jarret en Europe, c'est peut-être la dernière fois qu'il m'est donné de l'entendre en "vrai".
PS Paraît que le concert était enregistré officiellement (on nous a demandé en 3 langues de ne pas tousser); sans doute va-t-on trouver prochainement dans les bacs le "Brussels concert"?

vendredi 9 octobre 2009

La collection Brukenthal


A l'époque où Sibiu (Roumanie) s'appelait encore Hermannstadt, le baron Brukenthal, gouverneur de Transylvanie, réunit une belle collection de peintres flamands dans son palais sur la grand-place de la ville; à l'abandon sous les communistes, le palais Brukenthal, enfin réouvert pour 2008, année où Sibiu est nommée capitale de la culture, prête ses collections au musée Jacquemart-André, à Paris. Un événement spécial pour moi, qui tentai au moins quatre fois de visiter ce palais lors de mes voyages en Roumanie. Une collection intéressante, surtout pour ses Memling, Breughel et bien entendu le fameux portrait de l'homme au chaperon bleu, de Van Eick. Petit format mais grand art...

lundi 5 octobre 2009

Van der Weyden: le maître des émotions


Expo à Leuven, rétrospective à l'occasion de la réouverture du musée communal rénové. Pas mon peintre préféré, mais intéressant. Les portraits masculins sont magistraux (ai récemment publié un superbe Karel de Stoute), les féminins sont moches pour 50%. Bébés vieillards manquant de naturel, christs de pieta à l'anatomie discutable, seins des vierges allaitantes placés trop hauts...Malgré ces défauts, couleurs éclatantes, compositions originales, drapés somptueux. Et bel exemple d'attitudes expressives, tranchant avec un certain hiératisme de l'époque. A regretter: cette expo qui se veut internationale n'affiche les explications qu'en néerlandais ! Un peu d'anglais n'aurait pas été déplacé....

Photo: le clou de l'expo, une Marie-Madeleine lisant

vendredi 25 septembre 2009

Mac Beth


"...Une histoire de bruit et de fureur, racontée par un idiot, et qui ne signifie rien..."

Mise en scène par Declan Donnellan, en anglais sur titré, première mondiale, au théâtre de Namur. Un événement. J'y étais.

Du Shakespeare pur et dur, inouï, titre mon quotidien.

Lisez l'article, sur http://www.lesoir.be/

Un peu plus de deux heures, sans entracte, et vous êtes suspendus aux acteurs, sans bouger; vous oubliez que vous existez, vous êtes en Ecosse avec les barons de Mac Beth, mais surtout en vous-même. Car qui n'est pas touché par le thème de la culpabilité ?

Du grand art.

jeudi 24 septembre 2009

Le nouveau musée Magritte


Que dire sinon que nous avons enfin un musée digne de ce nom pour abriter les toiles de ce grand maître du surréalisme. J'avais oublié que le musée d'art moderne en possédait autant... peut-être n'étaient-elles pas toutes exposées autrefois ?

On aime ou on n'aime pas le surréalisme, on aime ou on n'aime pas la peinture d'idées; personnellement, je suis davantage portée vers un art moins cérébral - mais faut reconnaître qu'on ne sort pas indemne de la confrontation.

En illustration L'art de la conversation. Limpide, n'est-il pas ?

mardi 8 septembre 2009

La cour du Grand Moghol Arangzeb


Je l'ai enfin retrouvé, le livre avec les chefs d'oeuvre de la collection d'Auguste le Fort, prince-électeur de Saxe; cela prouve que j'ai trop de livres et un ordre aléatoire. Quant à ce fameux Auguste, il avait les moyens de se faire fabriquer de petites merveilles comme celle-ci: joaillerie, émaillage, peinture sur émail; souci du détail et de la mise en scène; une pièce qui me fascine.

Rappel: ce post concerne la ville de Dresde et la "Voûte verte", musée des collections d'Auguste le Fort

dimanche 23 août 2009

Nuit musicale de Beloeil




Non je n'étais pas à Venise ce we, mais à Beloeil, pour ce gigantesque pique-nique dans le site unique du château des Princes de Ligne; des milliers de promeneurs dans la parc, 12 scènes proposant de la musique en boucle (qu'on puisse aller de l'une à l'autre et ne rien perdre), artistes prestigieux, illuminations, feu d'artifice... Thème : les compositeurs italiens, un florilège de musique baroque, d'airs d'opéra, de commedia dell'arte; et, se mêlant à la foule, des échappés du carnaval de Venise, masqués, toilettes somptueuses et attitudes hiératiques.


Ça, c'est le positif ! Le négatif, ambiance kermesse à la bière, tout le monde écoutant les concerts la Leffe à la main; va-et-vient perpétuel, on se lève au milieu d'un concerto pour aller voir ailleurs, on déballe ses tartines pendant que s'époumone la soprano, on fait crisser les pneus des poussettes d'enfant sur le gravier pendant un morceau de clavecin... Sans surprise j'ai préféré les deux concerts dans l'église (meilleure acoustique), même si là aussi les gens se levaient pendant le concert et secouaient la porte (fermée) pour sortir... L'admirable prestation du contre-tenor Dominique Corbiau (photo) s'est déroulée devant un public que j'ai trouvé grossier à l'extrême.
Mais ne boudons pas notre plaisir: c'était une belle soirée sans pluie dans un décor élégant et magnifique.


mercredi 5 août 2009

Tarzan


Eh quoi Virginie, tu es une adepte de l'homme singe ? Pas vraiment, mais c'est un mythe fascinant, non ? Créée en 1942 par Edgar Rice Burroughs, la série de Tarzan sera reprise au ciné et en BD (différents dessinateurs dont le plus célèbre est Burne Hogarth), avec un succès jamais démenti; même si le cinéma a véhiculé un racisme primaire et dénaturé l'oeuvre de Burroughs, certains films avec Johnny Weissmuller et Maureen Sullivan sont des chefs d'oeuvre (revoir le ballet aquatique).

Les sources d'inspiration de Burroughs sont multiples: Rousseau et le bon sauvage, Kipling et le livre de la jungle (mon personnage préféré est Rikki Tikki Tavi, la mangouste), la légende de la fondation de Rome (Romulus et Remus), les enfants sauvages, le darwinisme... Rien que cela valait bien une expo. En prime on a King Kong, des extraits en boucle des meilleurs films, des costumes africains somptueux, un parcours génial pour les enfants et le jardin du quai Branly transformé en jungle avec voix off. Du grand spectacle pour les 7 à 77 ans... Et une réflexion sans pitié sur notre vision de l'Afrique.

La dame à la licorne







Une découverte: le musée de Cluny, consacré au Moyen Age; très bel hôtel du XVème, et ruines de thermes gallo-romains... Ai flippé sur l'orfèvrerie (ah! les couronnes votives des Wisigoths ! !) et le plafond de la chapelle. Le top des collections: 6 tapisseries parfaitement conservées (bien sûr réalisées chez nous, en Brabant), sujet, une gente dame accompagnée d'une licorne qui me fait penser à... Haïduc !(dans l'attitude bonasse).



Dans les thermes, expo "Le bain et le miroir", petits pots de fard et coiffures extravagantes de ces dames du temps jadis. Passionnant.



Librairie très fournie; ai déniché un petit traité de la très célèbre médiéviste Régine Pernoud, où elle liquide avec fougue et érudition les idées reçues sur sa période de prédilection; non le Moyen Age n'est pas 1000 ans d'obscurantisme, vous dévorez ce livre, comme moi, en quelques heures, et vous serez convaincu(e).

mardi 4 août 2009

Vassili Kandinsky à Beaubourg




Souvenez-vous, le Guggenheim de New York était fermé pour travaux lors de mon passage, et j'ai fortement déprimé de ne pouvoir admirer leur célèbre collection de Kandinsky, essentiellement des "Compositions", pour la plupart abstraites (sauvées des Nazis qui les avaient décrétées "art dégénéré").


Sans doute pour me faire plaisir, le Guggenheim a fait voyager ses tableaux pendant la fermeture du musée, d'abord à Munich, et puis à Paris.


Pour que l'expo soit complète, Munich a prêté sa collection de tableaux expressionnistes, si bien que la rétrospective de Paris est un enchantement et un cheminement dans la tête de l'artiste, du figuratif à l'abstraction.


Kandinsky est un de mes peintres préférés, avec une prédilection pour la période de Murnau.


J'ai été surprise par la jeunesse du public: effet de l'été et des vacances ou réel intérêt ?

lundi 3 août 2009

La famille Lippi à Prato





















La gloire de Prato (Italie) est de posséder une ceinture sacrée ayant appartenu à la Vierge, et aussi d'avoir hébergé en son temps Filippo Lippi, le moine-peintre qui enleva par amour une jeune et jolie religieuse, avec laquelle il eut un fils, Filippino Lippi, peintre lui aussi, qui travailla avec Botticcelli.


Pas besoin d'aller à Prato pour s'émerveiller des peintures familiales, elles sont pour la plupart au musée du Luxembourg à Paris (ou plutôt elles étaient, car l'expo se terminait hier); on trouve des Lippi père et fils dans tous les grands musées, les voir rassemblés est une intéressante occasion à ne pas manquer(j'ai pourtant bien failli).


Ce que j'aime surtout chez eux et leurs contemporains c'est la beauté des visages de femmes et d'éphèbes. Les bébés sont en général complètement ratés.


Admirez la très moderne madone au Jésus emmailloté avec sa coiffure "mouillée" (excusez la taille du cliché), et l'autoportrait (qui n'en est pas un) de Lippi Junior.

lundi 20 juillet 2009

Faste et intimité


Une expo "sensorielle", rien de moins, dans le château néo-classique de Seneffe: la vie (d'aristo) au 18ème siècle. Vous y êtes presque, à glisser prudemment à l'aide de patins en feutre trop grands, sur les splendides parquets d'origine. Parcours initiatique, où l'on vous rappelle les désastreuses habitudes d'hygiène de l'époque: toilette à sec, superposition de robes (plusieurs fois par jour), et excès de parfums capiteux pour masquer les fâcheuses émanations corporelles. Grâce au ciel, notre odorat fut épargné, mais pas notre goût (que nous avons très aigu): la visite se termine par une dégustation de chocolat épicé, très en faveur au 18ème. Une belle après-midi en compagnie de Françoise et Nicole, mes amies du "Pérou" (dont vous ferez la connaissance, chers lecteurs, lorsque je serai parvenue à cette période de ma biographie).

Pour vous mettre l'eau à la bouche, visionnez donc cette petite annonce

En prime, dans le parc, des arbres que récitent de la poésie, et des installations très intéressantes de Bob Verschueren.

mercredi 10 juin 2009

Karel de Stoute




Rassurez-vous, ce monsieur vous est connu: il s'agit de Charles le Téméraire, fastueux et dernier duc de Bourgogne, à l'honneur dans une superbe expo à Bruges.


Je le trouve tout à fait séduisant, avec son collier de la Toison d'or, peint par Van Der Weyden. Il aimait le luxe, le grand luxe, et cette expo rassemble de nombreux objets "usuels" de la cour de Bourgogne, bijoux, échiquiers, vaisselle, vêtements et même matériel de camping pour aller à la guerre, qui ne cédait en rien au faste du sultan de Constantinople, tentes en soie ornées de tapisseries... J'aimais particulièrement un petit chapeau rond orné de perles et de plumes, absolument ravissant, mais je ne trouve nulle part de photo à vous transmettre (sauf dans le catalogue à 37 euros, que je n'ai pas acheté); et aussi cette mode des tuniques cintrées pour les hommes...


Se promener dans Bruges, c'est comme voyager à l'étranger: on y parle soit flamand (normal) soit anglais. J'avais oublié combien cette ville est belle, probablement une des plus belles d'Europe, avec Prague et St Pétersbourg. Cracovie et Varsovie peuvent aller se cacher. Quitte à paraître un peu chauvine, j'ai craqué pour les premières moules de l'année, et vraiment, les bouchots peuvent aller se cacher aussi...

mardi 5 mai 2009

Fabienne Verdier




Une biographie qui m'a attirée par son originalité... A 20 ans, partir dans la Chine communiste, émergeant à peine de la révolution culturelle, à la recherche de l'enseignement des grands maîtres d'autrefois, peintres et calligraphes, désormais marginalisés. Elève dans une école du Sichuan dirigentée par le Parti, elle survit tant bien que mal dans la saleté, la promiscuité et le système inquisitorial de l'époque. Sa ténacité paie: elle finit par rencontrer de vieux maîtres qui lui transmettent un savoir ancestral sur le point de se perdre. De même elle voyage au Yunnan et vit quelques temps auprès des minorités Miao et Yi, persécutées par le pouvoir, dont les antiques traditions - signes d'arriération - sont combattues avec cruauté. Actuellement ces traditions ne perdurent plus que par un tourisme d'opérette (le Parc des Minorités à Kunming, que j'ai visité)

Je lui laisse la parole:

"Je suis de ces quelques derniers peintres à croire encore avec ferveur à la transmission des puissances de l'esprit en un coup de pinceau".

Photo: une figurante du parc des minorités près de Kunming

lundi 27 avril 2009

De Van Dyck à Belloto




Pas que j'aime spécialement Van Dyck...Mais la culture, c'est la culture ! Expo phare actuellement à Bozar à BXL, la collection de la maison de Savoie, en attendant une réfection de la célèbre galerie Sabauda à Turin.
Pour Sorin, avec qui j'ai parcouru la plupart des grands musées européens, l'art commençait vers 1850 - si bien qu'un grand trou s'est formé dans ma connaissance de la peinture, que je commence seulement à combler.


Rien qui m'ait particulièrement émue, si ce n'est quelques portraits et de splendides tapisseries; et aussi un très beau Breughel de Velours ou une vue de Turin par Bellotto, à la manière de Canaletto. Réflexion sur l'influence de la mode en art, très indépendante de la technique: coups de brosse magistraux pour représenter des thèmes grandiloquents qui ne nous touchent plus maintenant...

mercredi 18 février 2009

El Escorial




Un pélerinage... parce qu'en fait, je me souvenais de tout ! Après 25 ans ! Je m'épate moi-même... Ce qui est différent, c'est que cette fois j'y suis allée en train de banlieue (en 83 avec ma voiture); c'est une belle expérience: Madrid est une ville compacte, et tout d'un coup, les lotissements et les tours font place à une lande pierreuse, avec juste quelques oliviers. Le monastère se voit de loin, c'est une approche progressive pleine de charme.


En sortant de la gare, on a tout de suite accès à un superbe parc, qu'il faut traverser dans toute sa longueur pour accéder au monastère. Tout autre chose que la route où défilent les voitures...


Le monastère n'a pas changé (pouquoi changerait-il ? Il survit à l'histoire): toujours aussi froid (rien à voir avec la température), aussi écrasant, aussi hautain, à l'image de Philippe II, son bâtisseur. Un luxe austère, presqu'inhumain. Mais grâce à Dieu, aujourd'hui, des enfants jouent au ballon sur l'esplanade...


J'ai réservé mon admiration pour les tableaux d'El Greco et d'El Bosco, perdus dans ce tombeau géant...
Et c'est ainsi que se termine mon escapade madrilène....

Starbucks Coffee




Voici ma chronique architecturale... Que vous alliez au bout du monde, à Londres, à Paris ou à Bruxelles, rendez-vous avec la mondialisation - ou plutôt avec l'américanisation. Starbucks est partout, et je ne sais s'il faut s'en réjouir. Café sans personnalité. A Madrid, il y en a autant qu'à New York - toutes proportions gardées. Bientôt ils remplaceront les bars à tapas...

Le palais royal


Si je n'ai pas vu le musée d'Amérique, c'est parce qu'il est loin du centre; par contre j'ai arpenté la ville en tous sens, flâné sur toutes les places, et forcément rencontré l'incontournable palais royal. Je l'ai même visité ! On se demande bien à quoi peuvent servir ces palais dans lesquels on ne croise que des touristes, et qui ne sont pas habités, même dans les pays où il y a un roi... M'enfin !

Le luxe habituel, et l'absence de réel confort, comme d'hab...

Le musée d'Amérique


Eh bien celui-là, je ne l'ai pas vu... Dommage, parce qu'il renferme quelques vestiges mayas, et surtout l'un des quatre codex ayant survécu aux autodafés des missionnaires espagnols...
Mais pas sûr qu'il soit exposé au grand public !

Le musée archéologique




Pour celui-là, je joue de chance. En complète réfection, échafaudages et grues partout, il a réduit ses collections au minimum et présente uniquement les "must", ce qui m'évite de les chercher dans un dédale de salles !


C'est ma première visite, à part Marie, ni mes enfants ni Sorin n'avaient de l'intérêt pour l'archéologie. Pourtant il y a ici des trésors célèbres, la dame d'Elche par exemple, et le trésor de Guarrazar, où l'on a retrouvé les bijoux d'un roi Wisigoth au nom imprononçable.


J'ai juste manqué la reproduction de la grotte préhistorique d'Altamira, qui n'était pas visible. Un coup monté, car lors de mon passage à Altamira (en 83), la grotte était fermée au public... Je mourrai sans l'avoir vue !

Le musée Reina Sofia




Eh oui, encore un... Ce qui est bien, à Madrid, c'est que les musées ferment tard, 20 ou 21h; ça laisse le temps de s'organiser !


Le Reina Sofia est consacré à la peinture moderne et contemporaine; surtout visité pour le "Guernica" de Picasso et les nombreux Dali. Je n'avais rien oublié, même l'agencement des salles... Par contre, ce qui a éveillé mon intérêt, ce sont les nombreux extraits de films projetés un peu partout, des Bunuel, des Lumière, des actualités de la guerre civile. Et aussi une salle complète consacrée aux photos de Robert Capa, dont celle-ci, 1000 fois médiatisée.