mardi 27 octobre 2009

Les Dogu


De la Chine au Japon, il n'y a qu'une mer à traverser. A Londres où je me trouvais pour deux expos sur le Mexique, me voilà attirée par une affiche très accrocheuse, reproduisant un petit bonhomme en terre cuite d'un style pour moi tout à fait inconnu. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance des Dogu, ces statuettes japonaises en terre cuite (creuses) datant d'une période allant de 7000 à 300 avt JC, la période néolithique japonaise, appelée Jomon... Une telle maîtrise à ces temps reculés est tout simplement phénoménale.

Ces statuettes retrouvées dans les tombes avaient probablement un usage shamanique ou étaient liées au culte de la fécondité.

J'avoue avoir été subjuguée par la beauté de ces petites merveilles. Et ça m'a donné des idées. Un projet au Japon ??? On verra...

dimanche 25 octobre 2009

La route de la soie







Mon journal annonce "un périple à couper le souffle"; il ne fallait rien d'autre pour que je coure à cette autre expo phare d'Europalia Chine, quelques jours avant mon départ pour le Mexique.

Alors comment se fait-il que je reste un peu sur ma faim ?
Voyons d'abord le positif.
1/ les immenses photos qui tapissent les murs, illustrant le parcours (je précise que l'expo se limite aux deux chemins chinois, contournant le désert du Taklamakan, de Xian à Kashgar)
2/ les pièces exposées, venues pour la plupart du musée d'Urumqi - encore un que nous avons manqué, R et moi; pourtant il était au programme mais on a dû y renoncer à cause de la longueur des transports. Des pièces rares et magnifiques, comme cette momie (en illustration) parfaitement conservée depuis le 4ème siècle de notre ère; c'est que le désert du Taklamakan est particulièrement sec.

Pourtant je suis un peu déçue.
Peut-être parce que j'ai fait le tour du Taklamakan et visité ces villes et sites dont il est question ? A regarder les grandes photos sur les murs on croirait que tout n'est que désert, rien que des tombes et pas de villes; mais des villes dans les oasis, il y en avait, et elles existent toujours, et sont belles et intéressantes, mais pas ... chinoises. Est-ce le conflit actuel avec les Ouïgours qui empêche les Chinois de montrer le côté typiquement oriental et musulman de Khotan, Turfan ou Kashgar ? (juste une photo de la grand-place de Kashgar à la fin).

Les commentaires évitent soigneusement toute allusion à la "colonisation" chinoise - juste une phrase "ces régions sont maintenant de plus en plus peuplées de Chinois"; un modèle de langue de bois. Autre commentaire tronqué à propos de Dunhuang: un moine aurait "trouvé" la chambre aux manuscrits; c'est escamoter l'épisode de la vente des manuscrits par ce moine, qui en était le gardien, à Aurel Stein, pour le British Museum, et à Paul Pelliot, pour le musée Guimet. Pour ne pas rappeler la controverse ? Et aussi un passage qui sent la harangue communiste: le commerce de la route de la soie aurait créé "une bourgeoisie oisive, grasse et riche" !

Bref j'ai trouvé le commentaire superficiel, et si admirer les pièces a été un plaisir, l'ensemble me laisse une sorte de malaise.

Autre regret à propos de cet Europalia Chine: la pauvreté des boutiques qui clôturent les expos: rien que des chinoiseries sans valeur, à part les catalogues, très peu de livres - alors qu'il en existe tant sur le sujet !!

samedi 17 octobre 2009

Hanggai band




Europalia Chine minorités suite (et fin, le Tibet n'étant pas représenté): voici la musique mongole.

Consultez encore une fois la carte: il y a deux Mongolie, la Mongolie intérieure, qui fait partie de la Chine, et la Mongolie indépendante, qui se relève à peine de la domination soviétique (juste au nord de la Chine). Mais bien malin celui qui distinguera les Mongols de l'un ou l'autre camp (si ce n'est par la deuxième langue, chinois ou russe).


Hanggai Band est donc une formation mongole chinoise, mais rien ne la diffère de la musique que l'on peut entendre à Oulan Bator (capitale de la Mongolie indépendante) et surtout dans les steppes et le désert de Gobi.

Hier soir, donc, grande soirée de musique diphonique et de chants de gorge, le tout accompagné d'instruments typiquement mongols, dont ce violon à deux cordes qui vous tire des larmes. Avec cette originalité que les artistes y ont ajouté guitares électriques et rythmes de rock, et ce melting pot ne manque ni d' intelligence ni d' humour; on devine qu'un tel mix doit faire un tabac parmi les jeunes. En plein revival de la culture mongole, le message doit passer.
http://http://fr.wikipedia.org/wiki/Chant_diphonique
En résumé: la musique diphonique permet de chanter en plusieurs tons en même temps, performance de gorge assez incroyable (on aime ou on n'aime pas, moi je raffole).http://http://www.dailymotion.com/video/xiuvz_impro-chant-diphonique-mongolie-xoo_music
La première surprise passée, le public bruxellois un peu snob s'est pris au jeu et a fait un triomphe à ce groupe atypique. Quatre rappels, à Bruxelles, c'est pas mal. Parions que la mode des hébergements de vacances en yourtes va connaître un nouveau boum...

mardi 13 octobre 2009

Fils du ciel











Soyez rassurés, chers lecteurs, l'expo phare d'Europalia Chine est bien consacrée à la vraie Chine, la Chine millénaire, et c'est une expo sublime.
Ce qui frappe d'emblée c'est le haut degré de civilisation des Chinois dès le... néolithique; bien sûr on le savait, mais le (re)constater grâce à de magnifiques objets, bien choisis, bien mis en valeur, c'est comme une nouvelle découverte.
La plupart des objets - d'un luxe inouï - proviennent du musée de la Cité Interdite, musée que je n'ai pas vu... (vous voyez qu'il y a plein de musées qui ont échappé à ma visite); faut dire que parcourir la Cité Interdite est déjà un exploit physique, alors le musée...
Le musée Guimet de Paris a prêté quelques magnifiques rouleaux peints, sur soie ou papier, des chefs d'oeuvre qu'on admirerait des heures (détail d'un arbre en photo).
Le jade a toujours été une pierre sacrée en Chine, surtout le jade de Hotan (au Xinjiang); je possède un bracelet de jade acheté à Hotan, mais bien entendu il est loin de valoir les inestimables bijoux ciselés pour les empereurs, et que dire de ce linceul entièrement en jade - eh oui ! - en illustration. Et à ce fonctionnaire grandeur nature prosterné pour l'éternité, répond la robe impériale d'apparat portée lors des sacrifices au Temple du Ciel.
On peut voir aussi deux des célèbres guerriers en terre cuite, troublants de réalisme (un autre de mes regrets, je ne suis pas allée à Xian).
J'avoue que cette expo m'a fait revivre mes deux séjours à Pékin, et que le choix judicieux des pièces exposées laisse une meilleure impression que la visite du musée de Shanghai, où l'on éprouve une certaine overdose...

lundi 12 octobre 2009

Les chants des Dong






Qui sont les Dong ? Consultez ce lien ! Le Yunann (sud de la Chine, voir la carte)est une région qui abrite de nombreuses minorités qui n'ont de chinois que le nom. Avec des costumes, des traditions, des langues très très différentes. Bien sûr persécutés sous le communisme, mais actuellement le processus s'inverse, on fait de ces peuples une attraction touristique, au risque de créer des effets pervers :banalisation, disparition de l'authenticit.
Hier soir, toujours à Tournai, en première partie du Muquam, se produisait un ensemble dong, six femmes, deux hommes, une petite fille. Des voix superbes, aigües, inusitées pour nos oreilles - mais merveilleuses; ah! le tintement des pectoraux en argent, bijoux compliqués complétant de somptueux tabliers brodés, portés sur une jupe plissée courte à la manière des Miao, une autre ethnie minoritaire du Yunnan.
Chants polyphoniques, où les voix de soprano et d'alto se répondent, se croisent, se superposent. Magique et envoûtant.

Je suis allée au Yunnan fin 2006, lors de mon deuxième voyage en Chine; j'ai pu visiter des villages de différentes ethnies, et aussi le "parc des minorités", genre de Dysney World avec figurants et reconstitutions de villages. Typiquement chinois. Patience, ce récit arrivera.

En attendant, pour ces deux premiers spectacles d'Europalia Chine, remarquez que ce n'est guère chinois...
Sorry, pas de photo ! L'illustration sort du web, mais reproduit bien les coiffes de ces dames. Les demoiselles en rouge sont des Miao photographiées par moi en 2006. Quelle grâce !



Le Muquam des Dolan




Et si je vous dis que c'est la musique des Ouïgours, vous ne serez pas beaucoup plus avancés ! Alors d'abord un peu de géo; les Ouïgours peuplent le Xinjiang, région autonome de Chine; aussi grande que le Tibet. Les Ouïgours sont une ethnie d'origine turque, de religion musulmane, avec une langue et des traditions propres. Connaissent le même problème politique que le Tibet, cad qu'ils sont colonisés par les Chinois, histoire de neutraliser leurs velléités d'indépendance. Sauf qu'on n'en parle presque pas - ou à peine un écho dans la presse au sujet des émeutes récentes; de toute façon personne ne sait qui sont les Ouïgours.

Le Xinjiang est presque entièrement le domaine du désert du Takla-Makan, celui dont on ne revient jamais; j'en suis pourtant revenue, à l'issue de mon premier voyage en Chine en 2006. Le récit de ce périple plein d'embûches arrivera bientôt sur http://fourtravels.blogspot.com/ , qui pour l'instant piétine un peu au Rajasthan.

A Kashgar j'ai assisté à un spectacle de Muquam, un spectacle un peu formaté pour touristes. L'idéal aurait été d'être invité à une de ces fêtes où les Ouïgours se déchaînent, mais je n'en ai pas eu l'occasion.

Mais qu'est-ce que le Muquam ? C'est une tradition musicale très ancienne (2ème siècle !!!), qui réunit différents instruments, un récitant principal, des chanteurs, des danseurs. Le répertoire se transmet oralement depuis des générations et a heureusement survécu à la révolution culturelle. Pas du tout académique, plutôt l'expression profonde d'une tradition populaire, dont les thèmes varient d'une région à l'autre.

Les Dolan sont une sous-ethnie ouïgour dont le Muqam est toujours dansé. Cette particularité donne un spectacle haut en couleurs, fascinant. Les danses féminines sont très proches des danses ouzbek (Ouïgours et Ouzbeks sont d'ailleurs des ethnies cousines) - l'originalité tient à l'ajout de danses masculines, très viriles (mimant la chasse, la victoire, et bien sûr l'amour). Fascinant, envoûtant, costumes somptueux, je suis toujours sous le charme. Désolée, pas de photo, juste la pochette d'un CD que je possède depuis longtemps...

samedi 10 octobre 2009

Keith Jarret


Et si pour une fois on parlait musique ? De ce magicien improvisateur qui a séduit hier soir le public du Palais des Beaux-arts, massé en foule dans la grande salle au plafond Art Nouveau ? Deux heures de bonheur pur, un public recueilli puis en délire, pas moins de 6 rappels (peut-être 7, je ne comptais plus), un artiste simple et décontracté, plein d'humour. Faut dire que j'étais au troisième rang, sans regret du prix donné, car vu mon âge et la rareté de la venue de Jarret en Europe, c'est peut-être la dernière fois qu'il m'est donné de l'entendre en "vrai".
PS Paraît que le concert était enregistré officiellement (on nous a demandé en 3 langues de ne pas tousser); sans doute va-t-on trouver prochainement dans les bacs le "Brussels concert"?

vendredi 9 octobre 2009

La collection Brukenthal


A l'époque où Sibiu (Roumanie) s'appelait encore Hermannstadt, le baron Brukenthal, gouverneur de Transylvanie, réunit une belle collection de peintres flamands dans son palais sur la grand-place de la ville; à l'abandon sous les communistes, le palais Brukenthal, enfin réouvert pour 2008, année où Sibiu est nommée capitale de la culture, prête ses collections au musée Jacquemart-André, à Paris. Un événement spécial pour moi, qui tentai au moins quatre fois de visiter ce palais lors de mes voyages en Roumanie. Une collection intéressante, surtout pour ses Memling, Breughel et bien entendu le fameux portrait de l'homme au chaperon bleu, de Van Eick. Petit format mais grand art...

lundi 5 octobre 2009

Van der Weyden: le maître des émotions


Expo à Leuven, rétrospective à l'occasion de la réouverture du musée communal rénové. Pas mon peintre préféré, mais intéressant. Les portraits masculins sont magistraux (ai récemment publié un superbe Karel de Stoute), les féminins sont moches pour 50%. Bébés vieillards manquant de naturel, christs de pieta à l'anatomie discutable, seins des vierges allaitantes placés trop hauts...Malgré ces défauts, couleurs éclatantes, compositions originales, drapés somptueux. Et bel exemple d'attitudes expressives, tranchant avec un certain hiératisme de l'époque. A regretter: cette expo qui se veut internationale n'affiche les explications qu'en néerlandais ! Un peu d'anglais n'aurait pas été déplacé....

Photo: le clou de l'expo, une Marie-Madeleine lisant