lundi 6 décembre 2010

MAMADY KEITA "TIRIBA"




Cette video en dit plus long que tous les commentaires... Voilà à quoi j'ai passé ma soirée d'hier !
Tournai, maison de la Culture; un autre concert que celui de la video, mais vraiment le même genre. Mamady Keita et son équipe de virtuoses du djembe, plus des danseuses infatigables; les rythmes mandingues de Guinée. Ambiance africaine, irremplaçable.

vendredi 26 novembre 2010

Ensor démasqué




Le James Ensor d'avant les masques, copiant Rembrandt, Frans Hals, Manet (!!!), s'exerçant aux paysages réalistes, aux portraits, aux intérieurs bourgeois, aux natures mortes (sublimes)... et le génie burlesque qui pointe, les premiers tableaux énigmatiques, naissance d'un génie.


Des tableaux qu'on ne risque pas de revoir avant longtemps, vu que la plupart proviennent du musée d'Anvers, fermé pour restauration.


Espace ING, Place Royale, jusqu'au 13 février

L'orientalisme en Europe, Delacroix à Kandinsky







Un tel sujet, et Virginie se précipite; aucune déception, très beau choix d'oeuvres; de nombreux inconnus (de moi), et beaucoup de tableaux de ce spécialiste: Jean-Léon Gérôme. Deux ou trois petits Delacroix qui justifient le titre. Egyptomanie, exotisme de l'Orient découvert par les artistes du Grand Tour. Fantasmes des harems, des belles odalisques. Scènes de conquêtes (armée de Napoléon). Espagne maure, Palestine, Sahara, Maroc, Turquie... Des contrées rêvées, des quotidiens hors du temps. Toute une époque, une mode, un Orient stéréotypé qu'on veut intact.



Pour terminer, une vision moderne: un petit Klee adorable, et un de mes tableaux préférés de Kandinsky, qui surgit sans qu'on y prenne garde, au détour de la dernière cimaise...
Musée d'art moderne, jusqu'au 9 janvier

The world of Lucas Cranach


C'est évidemment une expo majeure, que nous devons à la présidence de l'UE. Des tableaux prestigieux, des gravures très précieuses, des trésors venant du monde entier. Mais il faut bien l'avouer, ce que nous retenons de Cranach, ce monsieur très sérieux qui connut Luther et la Réforme, ce sont les belles et filiformes femmes nues, peintes sous des prétextes de religion ou de mythologie. Je leur trouve un côté femme fatale des films du muet. Expo super fréquentée, groupes compacts autour des meilleurs tableaux, écoutant religieusement un(e) guide très bavard(e) dire à haute voix ce qui est écrit sur les cimaises. M'a un peu gâché la visite. On devrait généraliser les visites guidées silencieuses, avec système d'écouteurs.

Je voudrais bien connaître le veinard qui possède cette superbe allégorie de la justice que je vous propose ! (collection privée)
Bozar, jusqu'au 23 janvier

Wim Delvoye




Fait partie de nos farceurs nationaux; après les étrons et la machine fécale, les cochons tatoués et j'en passe, il s'attaque à l'art gothique. Allez donc au Palais des BA, côté palais royal, et montez sur le toit du musée: une superbe tour gothique métallique signée Delvoye fait pendant à la tour de l'hôtel de ville, qu'on voit au loin. Je n'ai jamais autant regretté de ne pas avoir mon appareil photos... A l'intérieur du musée, quelques autres fantaisies, notamment ce buste en mouvement: j'ai adoré. C'est gratuit. Les gens sérieux paient le prix fort pour Lucas Cranach et passent devant les vitraux de Delvoye sans un regard. Cranach était visionnaire il y a 500 ans. Rendez-vous dans 500 ans ?
PS Sur le site de Bozar, une video raconte le montage de la tour sur le toit du musée...

dimanche 5 septembre 2010

A Passage to Asia


ou 25 siècles d'échanges entre l'Asie et l'Europe, et les différents pays d'Asie, expo (Bozar) organisée dans la cadre de la Présidence belge de l'UE.

Un régal.

Surtout qu'il n'y avait presque personne (c'était l'heure du déjeuner) et qu'on pouvait s'attarder devant les oeuvres et les explications sans être bousculé.

Les relations entre les deux continents et les pays d'Asie existent depuis des millénaires, que ce soit à l'occasion des conquêtes (Alexandre le Grand, Gengis Khan...), des explorations (Magellan, Marco Polo...), des échanges commerciaux (la route de la soie); sans oublier la diffusion des différentes religions: le bouddhisme, l'islam mais aussi la chrétienté - le nestorianisme en Chine ou le christianisme amené en Inde par les Portugais.

Les 300 objets exposés sont tout simplement exceptionnels: citons en vrac une urne funéraire de la plaine des jarres du Laos, des tambours rituels d'Indonésie, des textiles magnifiques, un dogu japonais, des épaves récemment exhumées des fonds marins et - ce qui m'a particulièrement impressionnée: un passeport délivré par Gengis Khan, une magnifique plaque en argent permettant de se déplacer dans l'immense empire mongol...

Juste que je râle d'avoir manqué un spectacle japonais (La Danse des Ténèbres), on ne peut pas être partout...

lundi 28 juin 2010

Emule du Facteur Cheval











Oui oui en Belgique, nous avons un (modeste) facteur Cheval, un curé de village admirateur de Saint Antoine. Il nous a légué une fausse grotte assez incroyable, dont les niches contiennent des statues du plus beau style saint Sulspice, illustrant la vie du saint- qui -retrouve-ce-que-vous-avez-perdu. L'attraction principale est cependant à l'arrière de la grotte artificielle, en la personne d'un diable plus vrai que nature, supposé tenter le vénérable Antoine. Le soleil était mal mis pour une photo d'ensemble; je vous livre St Antoine sur son lit de mort, et bien sûr le démon de Crupet, attraction majeure de Wallonie. Juste à côté d'une petite église romane et pas loin d'une élégante gentilhommière. Allons, faut pas aller loin pour se cultiver...
PS. Bien entendu, cette grotte est également un lieu de pélerinage pour le dévots...

vendredi 18 juin 2010

Indépendance du Congo: 50 ans




Escapade au musée d'Afrique (ex-musée colonial) à Tervueren, pour y voir deux expos sur le Congo, l'une sur le fleuve, et l'autre sur l'indépendance, un autre fleuve de rivalités, de guerres et de régimes divers... Très très intéressant ! Surtout l'expo sur l'indépendance, sans aucune indulgence pour la Belgique et son régime colonial. Des dates, des événements, des documents, mais surtout des témoignages, émouvants, éclairants, pathétiques. Et le Congo vu par les Congolais d'aujourd'hui, des anonymes, des oubliés de la liberté et de la richesse, que tous espéraient avec ce beau mot: indépendance. Et aussi le témoignage très mûr de jeunes rappeurs, déracinés en Belgique ou chez eux... Visite à compléter par l'un ou l'autre livre de Lieve Joris, notamment La danse du léopard, description sans fard du passage du léopard (Mobutu) au lion (Kabila).
Photos: notre beau musée colonial, bâtisse d'un autre âge, abritant des collections poussiéreuses mal présentées (on va bientôt fermer pour rénovation)
Et Lumumba se faisant rouler dans la farine (le traité économique, entièrement en faveur de la Belgique).

samedi 22 mai 2010

Les nympheas de Monet


Quand on se trouve au musée de l'Orangerie, comment ne pas faire un détour par les Nymphéas de Monet, cet ensemble de 8 grandes fresques inspirées par ... juste un bout de son jardin à Giverny.

La présentation dans les deux grandes salles blanches éclairées naturellement leur donne un aura exceptionnel.


La photo est de moi, un petit détail dont j'aime les couleurs.


Et petit clin d'oeil: chers lecteurs, allez donc faire un tour sur le blog de Magali (à droite de ce que vous lisez); tout en faisant provision de couleurs à Lanzarote, elle nous livre son jardin par morceaux, elle nous fait son Monet par photos décalées.

Qui a la clef de Paul Klee ?


Je ne ferai pas de commentaire sur ce peintre suisse, un de mes favoris; chaque tableau appelle ce qu'il y a d'inconscient en nous.

L'expo présente la collection d'Ernst Beyeler, décédé cette année. Un événement. Peu de tableaux, mais quels tableaux...

Musée de l'orangerie, Paris, jusqu'au 19 juillet

Turner et ses peintres


Le thème est original: pas une énième expo Turner, mais un parallèle avec les peintres qui ont compté pour lui, ses maîtres, ses amis, ses rivaux. J'avoue avoir découvert un paysagiste français que je zappais allègrement quand je croisais ses tableaux: Claude Gellée, dit Le Lorrain. Il a réalisé d'admirables paysages lumineux qui ont ouvert la voie à Turner. Super intéressant de comparer les mêmes sujets traités par l'un et par l'autre...

Evidemment, Turner les surpasse tous, quand, à la fin de sa vie, il devient une sorte d'incendiaire, précurseur de l'impressionisme.

Paris, Grand palais, terminé...lundi.

Une bonne heure d'attente, et une foule décourageante devant les tableaux: c'est le lot des grandes expos de prestige à Paris.

L'art du Gandhara






Où se trouve le Gandhara me direz-vous ? Facile, n'existe que dans les mémoires des historiens. Un lieu qui englobe une partie de l'Afghanistan et une autre du Pakistan, autant dire une région peu paisible de nos jours. C'est là, aux bords de l'Indus, que s'arrêta l'aventure d'Alexandre, et que s'instaura un de ces nombreux royaumes grecs après la mort du conquérant. Plus tard, le grand roi Ashoka (venu de l'inde) réalise l'unité de cette région du monde et impose une religion nouvelle: le bouddhisme. C'est alors que se développe l'art du Gandhara, métissage d'influences grecques, perses et indiennes. On peut dire que le Gandhara est "l'enfant d'un sculpteur athénien et d'une mère bouddhiste..." Les premières effigies de Bouddha lui donnent en effet la figure d'un Apollon.

L'expo du musée Guimet (Paris) est comme d'habitude d'un grand sérieux. Ce qui m'a frappée, c'est l'utilisation constante du schiste comme matériau. Avec bien sûr une grande finesse, un magnifique précision. Admirez ce Bouddha bouclé et ces notables habillés comme des... Romains.

21 avril - 16 août, musée des arts asiatiques Guimet, Paris

lundi 12 avril 2010

Crime et châtiment


J'ai gardé le meilleur pour la fin... Voilà un thème qui a inspiré les peintres de toutes les époques, et le musée d'Orsay n'a pas dû fouiller longtemps dans ses fonds de tiroirs pour trouver de quoi exposer. Tout a commencé avec Adam et Eve, punis de la peine capitale, eux et leurs descendants, pour une mystérieuse pomme. Un préambule universel mais une expo centrée sur la France.

La période choisie va de 1791, où pour la première fois on parle de supprimer la peine de mort, à 1981, date de son abolition. A la boutique, évidemment, les livres de Robert Badinter; mais je les possède déjà et je les ai lus.

Histoire de mettre le visiteur dans le bain, la première salle présente une authentique guillotine, argument imparable qui donne froid dans le dos. Et la deuxième illustre la sanglante période de la Révolution.

Tant d'artistes de tous les courants se sont intéressés aux criminels, aux exécutions, aux prisonniers: un florilège de Goya, Daumier, Rops, Kubin, Moreau, Degas... je cite pêle-mêle et j'en oublie; certains ont fait de la prison : Schiele, Courbet... Choix d'expressionnistes, violents par essence: Grosz, Munch, Rouault... Affiches et couvertures de journaux racoleurs, le crime à la une pour faire vendre. Le tout entrecoupé de textes choisis de Victor Hugo, ardent défenseur de l'abolition. Moulages de têtes de guillotinés, effrayants de...vie. Et puis on nous rappelle les théories fumeuses de la fin du 19ème et leurs dérives, comme la phrénologie (certains traits physiques seraient propres aux criminels); ou les traitements inhumains dans les asiles psychiatriques; ou les mises aux fers et les bagnes... Bref une expo pas très amusante, mais profondément interpellante et salutaire. tant de pays où subsistent torture et peine de mort... Vaste débat, je sais.
Illustration: l'affiche de l'expo, un Géricault
Au musée du Quai d'Orsay

Le Tao


Le chemin me conduisit donc au Grand Palais, Champs-Elysées, où j'espérais enfin être initiée simplement à ce casse-tête que constitue le taoisme. Tao ou Dao, mot qui signifie, je vous le rappelle, voie ou chemin.

A la fois religion, philosophie, mystique, art de vivre et superstition, ce chemin-là est bien ardu à comprendre dans toutes ses ramifications. Ce que nous en retenons surtout, pauvres esprits cartésiens occidentaux, c'est un moyen de développement personnel, à base de diététique, de maîtrise de la respiration et de gymnastique, toutes pratiques qui devraient nous mener à une spiritualité en perte de vitesse. Très à la mode, tai-chi ou médecine chinoise, le tout basé sur l'équilibre entre le yin et le yang.

En fait, pour les Chinois, le taoisme était surtout une quête de l'immortalité. D'où l'intérêt pour la magie ou l'alchimie.

Il faudrait des kilomètres de commentaires pour détailler cette doctrine qui a profondément influencé les Chinois, de même que le confucianisme, auquel le taoisme s'est opposé, puis finalement les deux courants sont devenus complémentaires. Les communistes ont interdit le taoisme et détruit beaucoup de temples et de monastères. Deng Xiaoping a permis de nouveau l'ouverture de certains centres, comme le temple des Nuages Blancs à Pékin, où j'ai assisté à une cérémonie (voir http://travellingteam.blogspot.com/). A Paris, une video retransmet en boucle une "ouverture d'yeux " d'une statue, les prêtres en somptueux costumes. Souvenirs.

Désormais les temples taoistes de Chine sont des centres d'étude ou...des lieux touristiques.

L'exposition présente évidemment de somptueux objets, jades, statues, soieries décorées, calligraphies... provenant surtout du musée Guimet mais aussi de Chine et de ... Dunhuang (voir même blog)

Ivan le terrible




J'ai donc passé ma soirée à regarder la version remasterisée du célèbre film de Sergueï Eisenstein. Tout l'art d'Eisenstein, les effets d'ombre sur les murs, l'utilisation de la lumière et des gros plans; de la couleur aussi, dans la dernière demi-heure de la deuxième partie; le choc du rouge qui surgit tout à coup après deux heures de noir et blanc...
Tout l'art également de Nicolaï Tcherkassov, l'acteur principal, qui s'est fait la tête du portrait d'Ivan par Viktor Vasnetsov (visible à la Galerie Tretiakov à Moscou).
Un peu d'histoire: Eisenstein réalise la première partie de ce film en 1944 et 45, avec l'aval de Staline; film parlant (les premiers films parlants datent de 38) en noir et blanc; la deuxième partie, qui sort en 1946 (6 mois avant la mort du cinéaste), est réalisée en partie en 4 couleurs, avec une pellicule trouvée en Allemagne; mais le film n'a pas l'heur de plaire à Staline car il ne sert pas sa propagande: Ivan est présenté comme une sorte d'Hamlet indécis ou un tyran paranoïaque: il sera censuré jusqu'en 1958 - et je l'ai vu à sa sortie !!! (en ciné club avec l'école, en ce temps-là on nous passait des films difficiles sans qu'on chahute); j'ai été très impressionnée dans ma jeunesse par tous les films d'Eisenstein, et à vrai dire je le suis toujours. La version rénovée est très belle.
Photos: le tableau de Vasnetsov (en couleur), et Tcherkassov, gros plan magistral.

dimanche 11 avril 2010

Sainte Russie







Ne tournons pas autour du pot, pour cette expo, le Louvre a vraiment mis le paquet... espérons que les pièces sont bien protégées et bien assurées...



Expo inaugurée par Medvedev en personne et le couple Sarkosy-Bruni. Au pas de course, comme il convient pour des personnalités de ce niveau. Personnellement, j'ai pris mon temps.
Evidemment, on n'est pas tout seul...mais si on prend le temps on peut voir et apprécier.
L'expo balaie une période qui va des Varègues et premiers Rous jusqu'à Pierre le Grand; autant dire l'ère ante modern de la Russie, super passionnante.
A l'entrée, une maquette de l'institut Smolny de St Pétersbourg; moi qui l'ai vu, je peux dire que les couleurs (ce bleu!) sont fidèles, même si pour obtenir un tel panorama, il faut survoler le site en hélico; j'ai eu la chance d'assister à un concert de musique classique dans l'église de Smolny, et la revoir a remué mon coeur.
Pour le reste, comment résumer ? Des icônes (dont certaines de Roublev), des pièces d'orfèvrerie, des textiles, des objets du culte, les portes de Souzdal (oui !)... Et un fil historique, qui vous mène des premiers contacts avec Byzance à l'épanouissement de l'orthodoxie, en passant par la déferlante mongole et le schisme dse Vieux-Croyants. Bien sûr j'omets des choses, allez donc voir par vous-même, vous ne serez pas déçu.
Musée du Louvre, jusqu'au 24 mai 2010
A la boutique, j'ai flanché pour une video: Ivan le Terrible de Eisenstein, version remasterisée (je n'avais qu'une vieille version dégueu sur cassette); je l'ai visionnée ce soir, je vous promets un compte-rendu demain.

Meijer de Haan, le maître caché


Tout autre chose, ce peintre hollandais oublié, élève et ami de Gauguin, séjournant avec ce dernier au Pouldu, en Bretagne - où il fit un enfant à leur hôtesse, Marie Henry. Avec Gauguin il décora les murs de l'auberge - quel malheur tout cela est perdu après rénovation ... Ami des frères Van Gogh également; tout une époque.

Lorsqu'il fit le projet de partir à Tahiti avec Gauguin, sa famille lui coupa les vivres; il revint à Amsterdam où il mourut prématurément, à l'âge de 43 ans. Il laisse une quarantaine d'oeuvres, pour la plupart dans la collection de Marie Henry.

Après des débuts très classiques dans le style hollandais, il se classe donc dans l'école de Pont Aven. Très belles couleurs et beau coup de pinceau.

Intimiste et pathétique, un air de Van Gogh, Gauguin et Emile Bernard, une expo très lumineuse.

Musée d'Orsay, jusqu'au 20 juin 2010

Les céramiques mochicas











Quand on parle Pérou, on pense immédiatement civilisation inca; c'est ignorer que d'autres civilisations ont précédé celle des Incas, au moins aussi prestigieuses, mais moins bien connues, comme les Nasca, ou les Moche, appelés aussi Mochicas. Qui occupèrent la côte nord du Pérou et une partie de l'Equateur du 1er au 8ème siècle de notre ère. Site le plus connu: le complexe funéraire du Seigneur de Sipan.


Quiconque visite le musée de Lima découvre avec stupéfaction les céramiques de ce peuple étrange, figurant des actes sexuels d'une précision redoutable. Le premier étonnement passé, on écoute le commentaire savant d'un(e) guide qui s'empresse de passer à autre chose. J'avoue n'avoir gardé aucun souvenir de ces explications et l'expo de Paris m'a remise sur les rails.

Première remarque: ces céramiques sont d'une qualité remarquable et dans un état de conservation parfait. Deuxième remarque: malgré leur réalisme cru, ces scènes ne sont pas érotiques mais religieuses; ces pratiques sexuelles étaient destinées à ouvrir les portes de l'autre monde et n'ont rien à voir avec une quelconque pornographie; elles concernent non seulement des humains (souvent des prisonniers)mais des animaux, des squelettes, des sortes de morts-vivants, appartenant à un monde intermédiaire. L'acte sexuel fondateur de vie, comme le sang que faisaient couler les Mayas, est le moteur de l'univers sans lequel il s'effondrerait.

Je n'ai pas la prétention - ni l'espace - de remplacer le commentaire savant qui accompagne et éclaire l'exposition. Il est parfait et ne permet aucune erreur d'interprétation.

Ceci dit, voici quelques exemples parmi d'autres: sexe anal, masturbation, fellation, aucune pratique n'est épargnée. Et les becs verseurs de ces vases à libation font rêver...
Musée du Quai Branly, jusqu'au 23 mai 2010
PS. Public clairsemé, sérieux et averti; quelques ados égarés et attirés par l'affiche, gloussant bêtement; un certain Abdel, dans le livre d'or, avait signé au milieu d'appréciations louangeuses en plusieurs langues: absolument merdique.

Lucian Freud







Pour ceux qui l'ignorent, petit-fils de Sigmund Freud et peintre anglais : l'un des plus chers au monde actuellement; très peu d'oeuvres dans les musées, la plupart dans des collections particulières; par conséquent, chaque exposition est un événement.



La dernière pour moi: à Londres. Pas de surprise dans celle de Paris, pour ainsi dire les mêmes tableaux, mais quels tableaux !



Lucian Freud ne veut pas peindre le beau mais la réalité. Et la réalité n'est pas toujours belle... alors, ça donne des nus aux chairs flasques (et pas des odalisques émouvantes ou des Apollons du Belvédère) ou des vues de son jardin en désordre, d'un réalisme confondant. Avec, il faut bien l'avouer, une touche de génie, et rien à voir avec Constable (dont il copie la précision en obtenant tout à fait autre chose) ou Chardin ou Cézanne (idem). Ses modèles sont ses amis - les pauvres, quelle patience, un tableau dure parfois plusieurs années... - ou lui-même, des autoportraits aux angles inédits.
Ses nus peuvent choquer; il faut y voir une représentation du travail du temps sur la matière. Fascinant. Sortir d'une expo en se disant: c'est laid mais ça dépasse les notions de beauté et de laideur.
Certains l'accusent d'immobilisme (rien de neuf depuis ses débuts, puisque ça paie...), de n'avoir pas vraiment innové (avant lui Egon Schiele ou Otto Dix ou Georges Grosz), de manipuler un public snob; une part de vérité - mais j'ai la faiblesse d'apprécier ce qu'il fait, pour la force et la scénographie. Un ovni figuratif dans l'art contemporain.

Illustrations: un nu (dans les plus sages), le célèbre portrait de la reine Elisabeth, et un autoportrait.
Centre Pompidou, jusqu'au 19 juillet 2010

samedi 10 avril 2010

Meroe


Un plongeon dans le temps, et une expo qui m'a laissée sur ma faim... On annonce 200 pièces, qui en réalité tiennent peu de place ! Evidemment, nostalgie devant les grandes photos de la nécropole de Meroe, et celles plus rares, de la ville - des ruines que j'ai également visitées. Ou de Naga et de Musawarat-es-sofra, les sites perdus dans le désert. Le grand intérêt pour celui qui a vu le musée de Khartoum est de (re)voir les pièces bien présentées avec une explication très complète en français, en compagnie d'objets provenant de Londres ou Berlin. Mais je ne suis pas sûre que ce soit suffisant pour donner envie d'aller au Soudan...

Musée du Louvre, jusqu'au 6 septembre 2010

Takeshi Kitano


Comme certains de mes lecteurs le savent, je reviens de Paris où j'ai fait le plein d'impressions nouvelles. J'ai vu... huit expos et vous n'allez pas en rater une sur ce blog.

Je commence par la plus récréative, Gosse de peintre du japonais Takeshi Kitano.

L'art contemporain est souvent hermétique ou ennuyeux. Rien de tout cela chez Kitano ! Une expo basée sur la fantaisie, la liberté, la moquerie... Des tableaux faussement naïfs et colorés, des petits films d'un humour décalé et débridé se gaussant des clichés à propos du Japon, des installations délirantes pastichant la science, l'histoire, les mathématiques. Exemples: les raisons (fantaisistes) de l'extinction des dinosaures, comment éviter la pendaison, des machines simulant les vents de Bretagne ou d'Alsace, des plans top secret de l'armée japonaise pour transformer les animaux marins en armes dangereuses, des poissons fourrés de sushi pour dénoncer la bio-technologie, et j'en passe. Bref, une expo hilarante prévue au départ pour les enfants et pleine d'adultes qui jouent le jeu.

M'a donné envie de lire la biographie de Kitano, et surtout de voir ses films. Pourvu que Dieu me prête vie tellement le monde est vaste et ma gourmandise insatiable.

Illustration: Kitano regardant son cerveau...

A la Fondation Cartier, boulevard Raspail
Pour en savoir plus: www.takeshikitano.net

jeudi 1 avril 2010

Le symbolisme en Belgique











Une expo que je ne pouvais manquer, vu que c'est une période que j'aime beaucoup et qui a vu l'essor de très grands peintres belges, comme Fernand Khnopff, Léon Spilliaert ou Félicien Rops... D'autres encore, moins connus hors de chez nous, comme Xavier Mellery ou Jean Delville. Et voilà que j'ai découvert un nom que je ne connaissais pas, un certain William Degouve de Nuncques, dont les couleurs sombres et les atmosphères romantiques ont eu l'heur de me plaire.

En pratiquant l'onirisme et l'allégorie, les symbolistes ont préparé le surréalisme; en même temps ils restaient profondément romantiques dans leur approche. En parallèle la littérature belge produisait de grands noms, comme Verhaeren et Maeterlinck.

Pas l'intention de vous dispenser un cours, juste l'occasion de vous faire partager mes coups de coeur; après beaucoup d'hésitation (le choix des oeuvres est cornélien, j'en aime trop), je vous offre L'art ou les caresses, de Khnopff (ne dirait-on pas un Klimt ?), Vertige, de Spilliaert (Ah! Ostende !), et Pornokratès, de l'inclassable Rops. En prime un extrait du Dimanche après-midi, de Van De Woestyne (comme un Gauguin à Laethem St Martin).

Musée royaux des Beaux-Arts, http://www.fine-arts-museum.be/

Expo complémentaire pour les mordus: Van de Woestyne au musée des Beaux-Arts de Gand; très tentant, mais je n'irai pas, pour des raisons que mes lecteurs comprendront à demi-mot.

dimanche 7 février 2010

El Greco à Bruxelles


Pas du tout, comme je le pensais, l'expo itinérante que j'ai vue à Boston ! Non, une expo originale et prestigieuse à l'occasion de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne. Bruxelles, capitale de l'Europe...

40 oeuvres, dont la série exceptionnelle des 12 apôtres, le fleuron du musée de Tolède; je plains les touristes qui devront s'en passer !

Ah ! les portraits d'El Greco ! Le volume, l'expression, le mouvement, les couleurs... les mains, et surtout ces visages allongés qui ont tous un air de ressemblance. Mon préféré est bien sûr le séduisant saint Jean (photo)

Vous saurez tout sur El Greco, son temps et ses oeuvres si vous avez le courage de lire les explications en trop petits caractères à côté des tableaux, encore une fois dans une sombre atmosphère. Je vais devoir en parler à mon ophtalmo ou me résigner à louer un audio-guide...

dimanche 17 janvier 2010

Frida Kahlo y su mundo


A Bozar jusqu'au 25 avril.

Je me devais d'y courir.

Les 25 tableaux viennent de la collection Dolorès Olmedo, et je les ai tous vus à Mexico - et revus avec plaisir.

Même si je ne suis pas une grande fan de Frida Kahlo ! je trouve ses tableaux de poignants témoignages de sa vie difficile, mais peu esthétiques; je veux dire par là que les visages sont pathétiques mais pas beaux. Et elle a surtout peint des portraits ou des auto-portraits.

Nunca pinte sunos pero mi propio realidad, déclarait-elle quand on la taxait de surréaliste (je n'ai jamais peint les rêves mais ma réalité). Et c'est très vrai, c'est même parfois cru et dur, comme quand elle représente ses fausses couches.

Si je suis réservée quant à l'artiste, je suis une inconditionnelle de la femme. Quel destin, quelle force d'âme !

Je ne saurais trop conseiller d'aller voir cette expo, mais en vous munissant d'une lampe de poche ! Car à cause du "Fils du ciel" d'Europalia China qui squatte le rez-de-chaussée, Frida est reléguée dans le sous-sol; les locaux sont plongés dans l'ombre et seuls les tableaux sont éclairés. Le problème est que l'on reçoit un livret qui donne les clés de chaque oeuvre (et c'est indispensable) et comment le lire dans la pénombre ?

De glace et d'eau











Les fidèles de ce blog connaissent les protagonistes: l'Antarctique et mon fils Jérôme. Il faut lui ajouter Viviane Stevens : de son périple en voilier !!! depuis Ushuaia, elle a ramené de splendides photos de banquise et de manchots. Jérôme, lui, n'a pas vu d'animaux, car il est allé au plein milieu du continent blanc, un immense désert de ... glace et d'eau.

Les deux se complètent à merveille. Expo de photos pour Viviane, conférence-débat pour Jérôme. C'était hier.

L'expo continue jusqu'au 3 février; dépêchez-vous, les plus beaux clichés sont déjà vendus, mais il en reste...
Détails sur le blog de Jérôme


Photos: le conférencier en action, les deux héros du jour et l'assemblée très attentive, surtout Nicole et Françoise; Marie très souriante ! Je tiens à préciser que Corine, la moitié de Jérôme, est au premier rang, en groupie inconditionnelle.

vendredi 15 janvier 2010

Virginie-Miao




C'est que je suis allée au Yunnan au sud-est de la Chine et que j'ai rencontré les Miao... Les minorités chinoises émergent à peine d'une période d'assimilation forcée (pas vraiment réussie) et ne sont pas riches. Les femmes vendent leurs tenues ou leurs bijoux aux touristes, soit individuellement, soit sur les marchés; on retrouve aussi costumes et bijoux chez les antiquaires, et au grand marché aux puces de Pékin.


Voici mes trésors: un collier, un bracelet, trois épingles à cheveux. Et une veste dans ce fameux tissu brillant typique des Miao.

Miao de la tête aux pieds


Si j'allais à Liège, en fait, c'était pour Europalia China !

Le musée Curtius présente jusqu'au 14 février le costume miao.

Les Miao sont des peuples du sud-est de la Chine, minorité ethnique redécouverte depuis l'ouverture du tourisme. C'est un peuple sans écriture qui s'exprime par la musique et ... les textiles. Les costumes ne sont pas destinés à la commercialisation, seulement créés pour un usage personnel ou familial, comme une carte d'identité en quelque sorte. Idem pour les bijoux en argent ou autre métal moins noble. Incroyable variété de couleurs, de broderies, de motifs, de formes - le tout réalisé avec une remarquable dextérité. Comme la jupe aux cent plis (qui en compte en réalité plusieurs centaines) ou ce fameux tissu ressemblant au cuir, obtenu en étendant sur la pièce de soie ou de laine un mélange de plantes, de glu de peau de buffle, de cendres et de blanc d'oeuf, que l'on bat ensuite longuement sur une pierre plate à l'aide d'un maillet en bois.
Splendides photos sur