dimanche 24 mars 2013

Kandinsky et la Russie

Vassili Kandinsky est sans conteste un de mes peintres préférés. Surtout la période expressionniste, ou la période intermédiaire, entre l'expressionnisme et l'art abstrait, dont il est l'un des fondateurs. Ses premières abstractions s'inspirent de la musique (à regarder comme des compositions musicales, si vous pouvez...), les dernières, plus géométriques, me plaisent moins. Réserves mineures, une expo Kandinsky, je cours, je vole ! Où ? Au musée des Beaux-Arts (pas à Bozar), ce que nous appelons d'habitude le musée d'art ancien...
L'expo est parfaitement conçue, et pas du tout décevante; on y voit de nombreux chefs d'oeuvre, prêtés par le musée russe de Saint-Pétersbourg, et d'autres musées russes- comme celui de Vladivostok, où il y a peu de chance que je me rende un jour. Des collections privées aussi, ce qui fait que cette expo est d'un niveau élevé, sur le même pied qu'une grande expo parisienne.
L'ordre chronologique est respecté; les influences russes, les icônes, le folklore, la vie quotidienne russe (de très beaux objets traditionnels en bois, des costumes), dont il restera toujours imprégné, comme Chagall; d'autres peintres  russes, Gontcharova, Roerich (que j'adore, et c'est si rare d'en voir); des artistes de sa période du Blauwe Reiter ou de Die Brucke, comme Jalewsky ou Gabriele Munter (sa première femme), ou même Arnold Schönberg, le musicien révolutionnaire; un Malevitch, en parallèle avec les abstractions; bref du beau monde, et surtout du monde que je connais et que j'aime, une période sur laquelle je suis intarissable.
Une dernière salle présente des Cobra, quelques Alechinsky et Karel Appel, un parallèle risqué, ils ne font pas le poids...
Une expo où je rêve d'emmener ma petite Adèle !
Pêle-mêle quelques illustrations...





Le Louvre-Lens

Passé la première épreuve, trouver l'entrée du parking (l'art se mérite), après avoir sillonné cette ville sinistrée du nord, aux nombreuses façades art déco souvent décrépites, on est subjugué par ce bâtiment tout en verre, planté sur un ancien carreau de mine, entouré de palissades qui le cachent jusqu'à la dernière minute... Certes le parc n'est pas terminé, mais l'on devine, en cette journée brumeuse bien de chez nous, un ensemble harmonieux tout en courbes et transparences. L'intérieur est du même tonneau, translucide, vaste et aéré;

La principale attraction est la galerie du temps, une salle immense aux défis multiples: rassembler des oeuvres représentatives de chaque époque importante, de l'antiquité au siècle des lumières, en mettant en parallèle les différents lieux, essentiellement l'orient et l'occident. Tout provient du Louvre de Paris, évidemment, et je suppose qu'il y aura une tournante dans les prêts.
  Cette galerie du temps est passionnante à plusieurs titres; les oeuvres sont parfaitement sélectionnées pour leur grande valeur et leur représentativité; les commentaires sont d'une grande clarté; l'espace est impeccablement géré; et surtout on ne sort pas de cette visite épuisé comme lors d'un marathon au Louvre de Paris, où la quantité finit par gommer la mémoire. Ici on a conscience d'avoir mis de l'ordre dans ses connaissances: c'est très valorisant. Le parallèle entre l'orient et l'occident est particulièrement intéressant: les deux oeuvres qui suivent sont contemporaines, no comment !


Sans surprise, mes goûts me portent vers l'antiquité... Je livre à vos réflexions cette dame stylisée en provenance du moyen-orient, dont ne rougiraient pas nos sculpteurs contemporains !
Et pour terminer, bien surveillée depuis la dernière mésaventure (attaque d'une vandale iconoclaste), isolée du public, la révolution en marche...

mardi 12 mars 2013

Watteau le peintre de musique

Tout autre chose, on plonge dans les fêtes galantes du XVIIIème siècle, les idylles dans une  nature mélancolique, avec un parfum de commedia dell'arte, interdite à l'époque parce que jugée subversive; tableaux tout en légèreté, douceur, nostalgie; ah! le pierrot avec sa guitare sur le dos! Le fil conducteur est la musique, la danse, le théâtre, toute cette vie aristocratique, faite d'élégance, d'insouciance, de sentimentalisme, de retenue. C'est évidemment beaucoup plus apaisant que Rauch. L'expo est complétée par de superbes instruments de musique anciens, et des livres de partitions délicatement décorés. Le raffinement à l'état pur. L'on peut, paraît-il visiter l'expo au son d'un orchestre de chambre, certains soirs. Wouaw !

Neo Rauch


Je parie que vous ne connaissez pas; eh bien, sincèrement, moi non plus avant cette expo à Bozar. Un contemporain, allemand (originaire de l'ex-est), et sa peinture est un mélange d’expressionnisme, de réalisme soviétique, de surréalisme, de pop art, de BD, et j'en passe. De grands tableaux foisonnant de personnages, mélangeant époques, idées, réalité et loufoqueries à la Dali. Bref un truc qui interpelle et qui laisse une impression plutôt déprimante. Bien sûr il faut lire les commentaires qu'on vous fournit  gentiment à l'entrée, et je trouve fascinant tout ce que les critiques dégagent comme analyses fouillées de ces tableaux. Alors que l'auteur lui-même, interviewé à la TV, déclarait qu'il n'y avait rien à expliquer, fallait juste regarder et réfléchir. Ce que j'ai fait. Même si vous allez hurler quant à mon choix de comparaison  le jugeant un tantinet blasphématoire, j'ai pensé à Jérôme Bosch - la technique est la même, plein de détails grotesques et imaginatifs, captivants à regarder, et une fois sorti de l'expo, on ne se souvient plus de l'ensemble. Sauf que c'est choc !